L'eau liquide / vapeur :

Diagramme de phase

Un corps pur se présente sous une de ses phases solides, liquide ou gazeuse, en fonction des conditions de pression P et de température T. Le changement de phase (par exemple l'évaporation) se fait également en fonction de P et T
(si on fixe T on aura P évaporation : si dans un récipient fermé on a uniquement du liquide et de la vapeur d'un même corps pur, en mesurant la pression on connaît la température; ceci est entre autre utilisé dans les thermostats).

Diagramme de phasePour l'eau, le diagramme pression (absolue) / température, ci contre, indique les lignes de changement d'état :

Entre ces courbes on voit les domaines de stabilité :

Télécharger un fichier excel avec les valeurs et des graphiques fichier diagramme de phase.

A la pression atmosphérique (1 bar)

On voit, en traçant une ligne horizontale à la pression de 1 b, que la glace fond à 0 °C et bout à 100 °C.
A cette pression, l'eau est stable entre 0 et 100 °C. Mais de l'eau à 110 °C à 1 bar est instable, elle va se transformer en vapeur. De même pour de l'eau à -1°C à 1 bar, instable, elle va se transformer en glace.

Si la pression augmente :

- la température d'ébullition augmente (par exemple 180°C à 10 bars, ou 115°C à 1.7 bars dans une cocotte minute).
La courbe s'arrête au point C (point critique). Si la pression est supérieure à ce point (220 bars) les molécules sont tellement serrées qu'il n'y a plus de différence entre liquide et gaz. Si on chauffe de l'eau comprimée à 230 bars, on ne la verra jamais bouillir. On ne verra pas non plus de condensation (buée) lors du refroidissement à cette pression. Certaine centrales électriques fonctionnent avec de la vapeur à cette pression (critique) ou à une pression supérieure (supercritique).
Les fluides supercritiques ont une densité de liquide et une fluidité de gaz ce qui modifie leur comportement notamment leur qualité de solvant (Plus d'infos sur le site Wikipedia).
(Dans de l'eau supercritique on peut injecter un déchet à brûler et de l'oxygène : la flamme s'y développe et l'eau supercritique favorise la combustion et piège les polluants issues de la réaction : des essais d'industrialisation sont en cours).

- la température de fusion diminue. La pente de cette courbe verte est très faible : il faut une pression de 138 bars pour une fusion à -1°C (pression suffisante pour éclater les tuyaux d'eau que l'on a oublié de purger). L'eau est une exception : pour la plupart des substances, la pente est vers la droite (plus la pression monte plus la température de fusion monte).
Sous la lame d'un patin à glace, la pression très forte fait fondre localement la glace, et permet de glisser.
Sur ce site on peut voir l'expérience du fil qui traverse la glace.

Si la pression baisse :

- la température d'ébullition baisse : par exemple 90°C à 700 mb = pression à 3000 m d'altitude ou 84°C à 4800 m : dans ce cas la cuisson dans l'eau bouillante est plus longue (effet inverse de la cocotte minute).
Au point triple : pression 6,11 mb et température 0.01°C, la glace, l'eau et la vapeur sont en équilibre.
C'est un état stable (pression et température fixes) obtenu dans un réservoir hermétique contenant uniquement de l'eau, de la glace et de la vapeur et sans échange de chaleur avec l'extérieur, utilisé pour étalonner les thermomètres de précision.

- Si la pression ou la température descendent sous le point triple, il y a transformation directement de la glace en vapeur (sublimation) ou l'inverse (condensation solide ou déposition) ou équilibre glace/vapeur (courbe bleue).
Expérience concrète : Dans un congélateur, placer une boite fermée avec de la glace. Au bout d'un certain temps (quelques mois) des cristaux de glace se forment sur le couvercle : dans le congélateur la température n'est pas constante. Quand le moteur est à l'arrêt, la température monte lentement, la glace et les cristaux du couvercle se réchauffent à la même vitesse, ils s'évaporent en même temps pour accroître la tension de vapeur dans la boite. Quand le moteur tourne, l'air à l'intérieur du congélateur se refroidit rapidement, la température des cristaux du couvercle baisse plus vite que celle de la glace (masse moins grande) et la vapeur va plus se condenser (se déposer) sur le couvercle : les cristaux du couvercle grossissent.
Quand une comète passe près du soleil sa chaleur transforme directement la glace (noyau) en vapeur (chevelure).

Le bouillant de Franklin :
Sur ce site on peut voir l'expérience du bouillant de Franklin (vidéo de 8 minutes) : De l'eau contenue dans un ballon qui bout lorsqu'on l'asperge d'eau froide ! C'est un comportement apparemment paradoxal qui illustre d'une manière spectaculaire l'influence de la pression sur la température d'ébullition d'un liquide.

Tension de vapeur d'eau dans l'atmosphère

Pression partielle

Prenons un récipient où il y a 2 gaz A et B. Si A était seul dans ce même récipient il aurait la pression pA, de même pour B, pB.
La pression du mélange est la somme des pressions pA et pB (elles sont appelées pressions partielles).
Par exemple dans l'air il y a 78% d'azote (pression partielle 0.78 bar), 21% d'oxygène (pression partielle 0.21 bar) et 1% d'autre gaz (0.01 bar) pour une pression totale de 1 bar.

Tension de vapeur, humidité relative

Même si la pression atmosphérique est 1013 mb, la pression de vapeur d'eau (pression partielle) peut être inférieure. On l'appelle aussi tension de vapeur d'eau.
On voit sur la courbe rouge pour une température de 20°C la pression de vapeur d'équilibre est de 24 mb. Si la pression de vapeur d'eau dans l'air est inférieure à 24 mb, l'eau va s'évaporer. Si elle est supérieure, elle va se condenser (buée sur la glace de la salle de bain).

L'humidité relative de l'air est le rapport (en %) de la tension de vapeur dans l'air par rapport à la pression de vapeur d'équilibre (courbe rouge) pour la température de l'air.
Pour revenir à l'exemple des 20°C :
si la tension de vapeur = 24 mb, l'humidité relative = 100%.
si elle vaut 12 mb, l'humidité relative = 50%.

Température de rosée

Pour une tension de vapeur d'eau donnée, il y a une température d'équilibre (courbe rouge) appelée température de rosée. En effet si la température de l'air descend sous ce point, la vapeur va condenser (rosée du matin sur des surfaces qui se sont refroidies pendant la nuit par rayonnement vers l'espace).

Applications pratiques

Changement de conditions sans modifier la quantité d'eau dans l'air :

-Si on change la température à pression constante, la tension de vapeur reste la même :
si on chauffe, la pression de vapeur d'équilibre (courbe rouge) augmente, donc l'humidité relative diminue, l'air s'assèche (c'est le cas en hiver dans la maison, on utilise de l'air chaud dans les séchoirs, ...).
si on refroidit, la pression de vapeur d'équilibre (courbe rouge) diminue, donc l'humidité relative augmente, l'air s'humidifie (cave en été). Si la température descend sous la température de rosée, il y a condensation : brouillard, buée, rosée, aliments qui sèchent dans le frigo car la vapeur se condense sur la plaque froide ... ).

-Si on comprime l'air en la refroidissant pour maintenir sa température constante, la tension de vapeur augmente donc l'humidité relative augmente (risque de condensation dans les compresseurs).



Je ne résiste pas au plaisir de montrer cette photo où l'on voit la vapeur se condenser, suite aux variations de pression et température dans le cône de pression d'un avion qui vole au dessus de la vitesse du son.
Voir les explications sur le site mur du son

Voir d'autre photos d'avions

Masse volumique

L'eau étant "lourde" on pourrait croire que l'air humide est plus dense que l'air sec : en fait s'est le contraire (voir valeurs sur ce site). La molécule d'eau, 2 atomes d'hydrogène et un d'oxygène (masse molaire 18 g/mole) est moins lourde que celle d'oxygène composée de 2 atomes d'oxygène (masse molaire oxygène 32, air 29). A 30°C la différence n'est que de 1.5% mais à 100°C l'air sec pèse 0.946 Kg/m3 alors que la vapeur pèse 0.585 kg/m3 (soit 38% de moins).

États instables

Eau instable

- Pluie verglaçante, brouillard givrant :
Pour que l'eau se solidifie entre 0 et -40°C, il faut qu'elle s'appuie sur un solide (poussière dans les nuages, objet, ...). Si elle n'en rencontre pas, il se peut que le point (pression, température) de l'eau soit entre les courbes verte et bleue (surfusion). L'eau est dans un état instable et se transformera en glace quand elle rencontrera un élément solide. C'est la cas par exemple des gouttes d'eau d'une pluie verglaçante ou du brouillard givrant.

Photo copiée sur le site http://www.ossauphoto.com/mots-clefs/givre/


- Eau qui explose :
Pour que l'eau bout, il faut que des bulles puissent se former (comme pour le champagne) à partir de micros bulles d'air piégées dans le récipient. Si on met un verre parfaitement propre contenant de l'eau dans un four à micro ondes, il se peut (cas extrêmement rare) que le point (pression, température) de l'eau soit entre les courbes rouge et bleue. L'eau est dans un état instable et se transformera brutalement en vapeur (explosion) si on bouge le verre.

Vapeur dans un nuage

Pour que l'eau se condense ou se solidifie, il faut qu'elle s'appuie sur un solide (noyau de condensation, poussière...). Si elle n'en rencontre pas, il se peut que le point (pression, température) de la vapeur soit entre les courbes verte et bleue. Dans un nuage, il peut y avoir des gouttes d'eau en surfusion (voir ci dessus), des petits grêlons et de la vapeur instable. On voit sur le diagramme la ligne de changement d'état "eau en surfusion / vapeur" (courbe en pointillé rouge). Cette courbe est au dessus le la courbe bleue (glace / vapeur) : pour une température donnée (ligne verticale), la pression d'évaporation de l'eau en surfusion est supérieure à celle de la glace. Donc la glace "aspire plus fort" la vapeur que l'eau en surfusion. La vapeur s'évapore des gouttes d'eau pour venir se solidifier sur les grêlons. Bien sur, si la gouttelette rencontre un grêlon, l'eau se solidifie tout de suite sur le grêlon qui grossi.

Applications dans la vie courante

Hauteur d'eau de pompage

Quand on pompe de l'eau au dessus d'un récipient dont la surface est à la pression atmosphérique, on crée un vide dans le tuyau pour faire monter l'eau.
On a pression atmosphérique = pression du "vide" + pression de la hauteur d'eau (si pression du "vide" = 0, hauteur = environ 10 m).
La pression minimum du "vide" est la pression de changement de phase (courbe rouge) pour la température de l'eau :
A 20 °C, p=24 mb = 24 cm de hauteur d'eau.
A 60°C, p=200 mb = 2 m de hauteur d'eau (hauteur d'eau maxi dans le tuyau = 8 m).
A 80°C, p=475 mb = 4.75 m de hauteur d'eau (hauteur d'eau maxi dans le tuyau =5.25 m).

Cavitation

cavitationPour un fluide incompressible en mouvement, la pression est liée à la vitesse : plus sa vitesse augmente, plus sa pression diminue (principe du venturi). Dans les hélices de bateaux ou de pompes, c'est au contact des pales que la vitesse est la plus grande, donc la pression la plus petite. Si cette pression passe sous la pression de changement de phase (courbe rouge), il y a vaporisation. Puis aussitôt après, la pression remontant il y condensation ... Cela provoque des minis explosions puis implosions qui peuvent aller jusqu'à la destruction de l'hélice. Plus le point température/pression de l'eau est près de la courbe rouge avant d'entrer dans l'hélice, plus le risque de cavitation est grand.

Plus d'infos sur le site Wikipedia.

Explosion chaudière

Quand une chaudière à vapeur explose, sa pression baisse. La température de l'eau devient trop grande par rapport à la nouvelle pression, une partie se transforme immédiatement en vapeur, augmentant ainsi la force de l'explosion...